
La Haute Cour de Lahore a confirmé, jeudi 1er juillet, le mariage de Nayab Gill, chrétienne pakistanaise âgée de 13 ans avec Saddam Hayat, un trentenaire accusé d’avoir enlevé la jeune fille, de l’avoir forcée à se convertir à l’islam et à l’épouser.
Au Pakistan, le 20 mai dernier, Nayab Gill, une adolescente âgée de 13 ans a été enlevée, convertie à l’islam et mariée de force à Saddam Hayat un trentenaire, propriétaire d’un salon de coiffure dans lequel elle travaillait. Le 1er juillet, le tribunal de Lahore a rendu son verdict dans cette affaire et affirme que Nayab a accepté volontairement de se convertir à l’islam et de se marier rapporte Morning Star News.
Lors de l’audience du 1er juillet, les parents de Nayab ont déclaré que leur fille n’était pas en âge de se marier ni de changer de religion. Leur avocat a d’ailleurs rappelé la loi de 1929 sur l’interdiction du mariage des enfants qui stipule que « quiconque, étant un homme âgé de plus de dix-huit ans, contracte le mariage d’un enfant est passible d’une peine maximale d’un mois d’emprisonnement maximale, ou d’une amende pouvant aller jusqu’à mille roupies (11, 30 euros) ».
Cependant, au cours du procès, Nayab aurait affirmé avoir 19 ans et avoir choisi volontairement de se convertir et de se marier.
« Lorsque le juge a interrogé Nayab sur son âge, elle a dit qu’elle avait 19 ans et a réitéré son affirmation selon laquelle elle s’était convertie à l’islam et avait épousé Hayat de son plein gré. »
Le magistrat Shahram Sarwar Chaudhry n’a pas jugé pertinent le rappel de la loi de 1929 et a renvoyé au principe de la loi islamique selon lequel une fille qui a son cycle menstruel est en âge de se marier. Le juge a également rejeté l’acte de naissance officiel de la jeune pakistanaise démontrant qu’elle avait 13 ans.
Lorsque la justice a demandé à Nayab de choisir entre son mari et sa famille, elle aurait répondu qu’elle « voulait rester avec Hayat » rapporte Shahid Gill, le père de la jeune fille. Suite à ses affirmations, le juge a ordonné à la police pakistanaise de remettre la garde de Nayab à Hayat, son mari et d' »assurer la protection du couple ».
Shahid Gill, s’est confié auprès de Morning Star News, il affirme que l’avocat en charge de représenter sa famille n’était pas en mesure de plaider leur cause ou de traiter l’affaire de « manière professionnelle ».
« Quand Nayab a affirmé qu’elle avait 19 ans, j’ai poussé l’avocat à exiger des preuves à l’appui de sa demande, mais il s’est tu, il n’a pas non plus exigé de tests médicaux pour déterminer son âge exact. »
Au cours de l’audience, l’avocat n’a pas non plus relevé les contradictions dans la requête de Nayab prétendant être une adulte et une « femme célibataire » alors que son certificat de mariage islamique a été enregistré le 20 mai, jour de sa disparition.
Le père de Nayab, estime avoir commis une grave erreur en faisant confiance à une ONG non professionnelle pour assurer leur défense : « Il y avait tellement de lacunes dans l’affaire que l’avocat aurait dû porter à l’attention du tribunal, mais il ne l’a pas fait. »
« Nous espérons que le cas de Nayab attirera une fois de plus l’attention qu’il mérite sur cette question cruciale, et qu’un mécanisme serait mis en place pour mettre fin à de telles atrocités contre les filles appartenant à la minorité sous le couvert de la religion. »
Le cas de Nayab Gill est semblable à celui de Shiza, de Shaikana Masih ou encore de Farah et de plus de 1000 autres jeunes filles issues de la minorité chrétienne au Pakistan, qui sont régulièrement enlevées, converties à l’Islam et mariées de force à leur ravisseur. Il n’est pas rare que sous la contrainte et par peur de représailles, les jeunes filles enlevées affirment s’être mariée de leur plein grès.
Sarah Bordin
Crédit image : Morning Star News